Le journal de l'Informatrice
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Le journal de l'Informatrice
Avant-Propos
Ne soyez pas trop crédule en lisant ces extraits. Les journaux d’Evangel sont traitres. Rendez-vous compte cependant de l’intérêt de l’objet que vous avez entre les mains : le journal est écrit par elle, elle n’y rédige donc que ce qu’elle veut. Beaucoup de paragraphes omettent de vous parler de toutes les fois où, maladroite, Eva est tombée de son cheval, a mordue la poussière en se prenant une branche dans les pieds, a glissé dans la boue. Evangel Dranya est fière, elle tient à garder une « réputation ». Quoi de mieux qu’une réputation après tout ? Ça persuade les gens à ne pas creuser plus loins pour en savoir plus sur les autres. Et puis, dans les chansons de gestes, on ne raconte pas comment les rois et les héros se sont viandé parce qu’ils étaient bourrés sur leur cheval.
Fière, certes, mais un peu impulsive. Certaines pages le montre bien. Observez les ratures, le papier froissées par sa frustration. Parfois, même, on devine que la plume est venue violemment s’y planter. Il ne faut jamais faillir. Le journal d’Eva peut montrer certaines failles. Personne aujourd’hui ne connait Evangel mieux que son carnet. Personne sauf moi, peut-être.
Ce soir là, les mégots s’entassaient dans le cendrier. Sur le lit de l’auberge une longue cape noire et un agglomérat de feuilles de papiers prenaient toute la place. Elle avait enlevé sa tunique, aussi. Il n’y avait que le silence, interrompu parfois par son petit souffle qui expirait la fumée et le bruit de la plume qui grattait son carnet. Elle était là, dans ses braies défaits et son ample chemise noire. Ses bas étaient chiffonnés dans ses bottes, on voyait ses mollets. Rien ne la déconcentrerait. Rien.
An 186, 20e jour de la huitième lune
Arrivée dans les pics brumeux. Ici, il y a de grands océans de nuages que je ne soupçonnais même pas. C’est magnifique. Les bois sont assez frais. La chaleur ne vient pas trop déranger. Mais il y fait très humide. La nuit, tout paraît inquiétant. Mais l’aube donne à la brume des lueurs rosées.
Je suis tombée sur une petite cascade. Depuis quatre jours que je n’avais pas pris de bain. Mes vêtements sont encore tous pleins de terre et de poussière. Je pensais être seule, je n’avais croisé personne depuis au moins deux jours. Il y avait le silence, quelques oiseaux. L’eau était très froide, mais avec les rayons de soleil entre les branches, ça allait. J’ai entendu le craquement des branches par terre pendant que je me lavais. Je sentais une paire d’yeux derrière moi, qui regardait mon dos. Un garçon d’environ vingt ans. J’ai vu son expression lorsque je me suis retournée. Ignoble. Je me suis emportée cette fois-ci. Il se débattait bien. Je l’ai achevé avec une pierre, et j’ai laissé le corps partir avec le courant de la rivière. Puis j’ai lavé le sang qui était sur mon visage et mes cheveux. Mes cheveux…J’espère pouvoir les laver mieux que ça une fois arrivée au village.
J’ai réussi à atteindre Havresel, j’ai même pu laver mes cheveux. Les nuits sont fraîches. Le problème désormais est de monter jusqu’à Atlas. Aucun contrat en vue, et je n’ai presque plus d’argent. Mais peut-être que là-bas je pourrais étendre maréputa réputation.
Il y a eu un grand vacarme ce soir dans l’auberge. Je pensais à des soulards, mais apparement, on arrêtait mes voisins de chambre. Trois personnes : un elfe noir, un homme aux cheveux rouges et un draconique. Je pensais que les choses commenceraient à devenir intéressantes seulement à Atlas. J’ai réussi à trouver dans les chambres de mes malheureux voisins quelques pièces ainsi qu’une lettre. Je n’ai pas pu déchiffrer certains passages, j’aurais aimé m’y attarder plus.
Fière, certes, mais un peu impulsive. Certaines pages le montre bien. Observez les ratures, le papier froissées par sa frustration. Parfois, même, on devine que la plume est venue violemment s’y planter. Il ne faut jamais faillir. Le journal d’Eva peut montrer certaines failles. Personne aujourd’hui ne connait Evangel mieux que son carnet. Personne sauf moi, peut-être.
Ce soir là, les mégots s’entassaient dans le cendrier. Sur le lit de l’auberge une longue cape noire et un agglomérat de feuilles de papiers prenaient toute la place. Elle avait enlevé sa tunique, aussi. Il n’y avait que le silence, interrompu parfois par son petit souffle qui expirait la fumée et le bruit de la plume qui grattait son carnet. Elle était là, dans ses braies défaits et son ample chemise noire. Ses bas étaient chiffonnés dans ses bottes, on voyait ses mollets. Rien ne la déconcentrerait. Rien.
An 186, 20e jour de la huitième lune
Arrivée dans les pics brumeux. Ici, il y a de grands océans de nuages que je ne soupçonnais même pas. C’est magnifique. Les bois sont assez frais. La chaleur ne vient pas trop déranger. Mais il y fait très humide. La nuit, tout paraît inquiétant. Mais l’aube donne à la brume des lueurs rosées.
Je suis tombée sur une petite cascade. Depuis quatre jours que je n’avais pas pris de bain. Mes vêtements sont encore tous pleins de terre et de poussière. Je pensais être seule, je n’avais croisé personne depuis au moins deux jours. Il y avait le silence, quelques oiseaux. L’eau était très froide, mais avec les rayons de soleil entre les branches, ça allait. J’ai entendu le craquement des branches par terre pendant que je me lavais. Je sentais une paire d’yeux derrière moi, qui regardait mon dos. Un garçon d’environ vingt ans. J’ai vu son expression lorsque je me suis retournée. Ignoble. Je me suis emportée cette fois-ci. Il se débattait bien. Je l’ai achevé avec une pierre, et j’ai laissé le corps partir avec le courant de la rivière. Puis j’ai lavé le sang qui était sur mon visage et mes cheveux. Mes cheveux…J’espère pouvoir les laver mieux que ça une fois arrivée au village.
J’ai réussi à atteindre Havresel, j’ai même pu laver mes cheveux. Les nuits sont fraîches. Le problème désormais est de monter jusqu’à Atlas. Aucun contrat en vue, et je n’ai presque plus d’argent. Mais peut-être que là-bas je pourrais étendre ma
Il y a eu un grand vacarme ce soir dans l’auberge. Je pensais à des soulards, mais apparement, on arrêtait mes voisins de chambre. Trois personnes : un elfe noir, un homme aux cheveux rouges et un draconique. Je pensais que les choses commenceraient à devenir intéressantes seulement à Atlas. J’ai réussi à trouver dans les chambres de mes malheureux voisins quelques pièces ainsi qu’une lettre. Je n’ai pas pu déchiffrer certains passages, j’aurais aimé m’y attarder plus.
Dernière édition par Evangel le Ven 3 Avr - 17:27, édité 1 fois
Evangel- Grand héros
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30e jour de la huitième lune
An 186, 30e jour de la huitième lune
J’ai eu peu de temps pour écrire. Quelques mésaventures, disons. Par où commencer… Il semble que mes voisins de chambre à l’auberge de Havresel aient été emprisonnés pour suspicion d’assassinat, si je comprend bien. Ils m’ont servi un temps de compagnon de route. C’est que je ne me voyais pas continuer l’Ascension toute seule. Je les trouvais presque attachants. Ellyos, l’elfe noir, est plutôt amusant quand il est ivre, et ce Edvart se balade toujours avec un rongeur et un bébé warg. Il y a eu un orc qui s’est joint à nous, un certain Crok’Dur. Ou disons plutôt qu’il s’est invité à nous suivre en « empruntant » un de nos chevaux… Que j’avais d’ailleurs payé avec l’argent de mes camarades de voyage. Piller trois hommes pour leur acheter un cheval ensuite, c’est ridicule.
Mais pour des raisons que j’éviterais d’énumérer, j’ai de jours en jours commencé à émettre des doutes quant au choix de mes compagnons. J’ai même commencé à penser qu’il était plus dangereux de rester avec eux que de faire l’Ascension seule. Je crois que ces hommes prennent trop de décisions hâtives.
Enfin, lorsque nous sommes arrivés à une des étapes de l’Ascension, le débat fut assez ardu, pour savoir comment reprendre la route, et cette fois, en évitant d’y aller à pied. Faute d’avoir trouvé des chevaux, un nomade nous à proposer son aide. Il se nomme Keostros. Il est accompagné d’un oiseau de proie. Un homme intéressant, qui semble avoir beaucoup voyagé. Son rythme de vie est bien particulier. Il semble faire un pèlerinage jusqu’à un monastère.
Le jour du départ de ce point d’arrêt, il m’a proposé de partir seul avec lui. Il a renouvelé sa demande alors que mes camarades s’attaquaient à des mercenaires menés par semblait-il un nain. Je crois que cette énième entreprise périlleuse a achevé de prendre ma décision. J’ai donc suivis Keostros et laissé Ellyos, Muh Laus, Edvart et Crok’dur. En espérant qu’ils n’en aient pas trop après moi… C’est que j’aurais peut-être un peu de peine de les laisser dans les montagnes.
Je ne peux m’empêcher de penser à ce chaman et ces kobolds. Ça m’a tenu éveillée quelques nuits, je l’avoue. Une sorte de rituel. Des animaux étaient sacrifiés. J’ai vu des pierres marquées de signes qui m’ont rappelé les soirées d’études à Elispar. Les vieux livres poussiéreux de mestre Fraegar, lorsque Gabriel et Lotr s’endormaient sur leurs tables de calligraphie…
J’ai eu peu de temps pour écrire. Quelques mésaventures, disons. Par où commencer… Il semble que mes voisins de chambre à l’auberge de Havresel aient été emprisonnés pour suspicion d’assassinat, si je comprend bien. Ils m’ont servi un temps de compagnon de route. C’est que je ne me voyais pas continuer l’Ascension toute seule. Je les trouvais presque attachants. Ellyos, l’elfe noir, est plutôt amusant quand il est ivre, et ce Edvart se balade toujours avec un rongeur et un bébé warg. Il y a eu un orc qui s’est joint à nous, un certain Crok’Dur. Ou disons plutôt qu’il s’est invité à nous suivre en « empruntant » un de nos chevaux… Que j’avais d’ailleurs payé avec l’argent de mes camarades de voyage. Piller trois hommes pour leur acheter un cheval ensuite, c’est ridicule.
Mais pour des raisons que j’éviterais d’énumérer, j’ai de jours en jours commencé à émettre des doutes quant au choix de mes compagnons. J’ai même commencé à penser qu’il était plus dangereux de rester avec eux que de faire l’Ascension seule. Je crois que ces hommes prennent trop de décisions hâtives.
Enfin, lorsque nous sommes arrivés à une des étapes de l’Ascension, le débat fut assez ardu, pour savoir comment reprendre la route, et cette fois, en évitant d’y aller à pied. Faute d’avoir trouvé des chevaux, un nomade nous à proposer son aide. Il se nomme Keostros. Il est accompagné d’un oiseau de proie. Un homme intéressant, qui semble avoir beaucoup voyagé. Son rythme de vie est bien particulier. Il semble faire un pèlerinage jusqu’à un monastère.
Le jour du départ de ce point d’arrêt, il m’a proposé de partir seul avec lui. Il a renouvelé sa demande alors que mes camarades s’attaquaient à des mercenaires menés par semblait-il un nain. Je crois que cette énième entreprise périlleuse a achevé de prendre ma décision. J’ai donc suivis Keostros et laissé Ellyos, Muh Laus, Edvart et Crok’dur. En espérant qu’ils n’en aient pas trop après moi… C’est que j’aurais peut-être un peu de peine de les laisser dans les montagnes.
Je ne peux m’empêcher de penser à ce chaman et ces kobolds. Ça m’a tenu éveillée quelques nuits, je l’avoue. Une sorte de rituel. Des animaux étaient sacrifiés. J’ai vu des pierres marquées de signes qui m’ont rappelé les soirées d’études à Elispar. Les vieux livres poussiéreux de mestre Fraegar, lorsque Gabriel et Lotr s’endormaient sur leurs tables de calligraphie…
Evangel- Grand héros
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An 386, 5e jour de la neuvième lune
Voyageur sur la route de l'Ascencion (artiste inconnu)
An 386, 5e jour de la neuvième lune
Vous remarquerez à cette date l’écriture particulièrement nerveuse d’Evangel. Plus que d’habitude. Remarquez aussi les marques de la plume qui s’est enfoncée un peu trop fort dans le papier du carnet.
Revu au poste de montagne Karl Frank accompagné du soldat Larian, du chaman Pa’Ohrim ainsi que d’un marchand, d’un nain et d’une femme. Ces gens m’ont autorisé à poursuivre la route de l’ascension avec eux. Semblent eux aussi lier aux affaires de mes anciens compagnons.
Je n’arrive pas à croire que j’ai aperçu une vouivre. J’avais tant lu à leurs propos, du temps où j’étais étudiante. Tous les contes, toutes les chroniques sur ce sujet. Une vouivre. Son battement d’aile dans la brume des montagnes, il a provoqué comme un étrange silence. Plus rien ne parlait. Pas même le chant des oiseaux, pas même le bruissement des arbres. C’était comme si tout allait s’abattre sur nous. Je me suis rarement sentie aussi petite.
Il fait de plus en plus froid. Nous avons encore du dormir dans des bêtes. Le repos nous fut difficilement permis : il a d'abord fallu assister à l’agression du soldat par le chaman. Pour quelle raison ? Allez savoir. L’inconscience de ce Pa’Orhim ne m’inspire rien de bon. Il à également l’air extrêmement impulsif. C'est ce qui le perd, d'une certaine façon.
On m’avait parlé d’une certaine discipline à Cotobro, d’une tranquillité qui ne régnait pas à Hilas. Je ne vois aucune tranquillité auprès de mes compagnons pour l'instant. Comme à Pazen, c'est une sorte de désillusion. J’ai été trop naïve en quittant l’archipel. Tu parles d’une informatrice.Joséphine rirait bien de moi. Quelque part, ça me dégoute.
Mais bon, jusqu’à maintenant le travail n’en a été que plus facile. Une fois arrivée à Atlas, ça ne sera plus que des formalités.
Revu au poste de montagne Karl Frank accompagné du soldat Larian, du chaman Pa’Ohrim ainsi que d’un marchand, d’un nain et d’une femme. Ces gens m’ont autorisé à poursuivre la route de l’ascension avec eux. Semblent eux aussi lier aux affaires de mes anciens compagnons.
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Je n’arrive pas à croire que j’ai aperçu une vouivre. J’avais tant lu à leurs propos, du temps où j’étais étudiante. Tous les contes, toutes les chroniques sur ce sujet. Une vouivre. Son battement d’aile dans la brume des montagnes, il a provoqué comme un étrange silence. Plus rien ne parlait. Pas même le chant des oiseaux, pas même le bruissement des arbres. C’était comme si tout allait s’abattre sur nous. Je me suis rarement sentie aussi petite.
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Il fait de plus en plus froid. Nous avons encore du dormir dans des bêtes. Le repos nous fut difficilement permis : il a d'abord fallu assister à l’agression du soldat par le chaman. Pour quelle raison ? Allez savoir. L’inconscience de ce Pa’Orhim ne m’inspire rien de bon. Il à également l’air extrêmement impulsif. C'est ce qui le perd, d'une certaine façon.
On m’avait parlé d’une certaine discipline à Cotobro, d’une tranquillité qui ne régnait pas à Hilas. Je ne vois aucune tranquillité auprès de mes compagnons pour l'instant. Comme à Pazen, c'est une sorte de désillusion. J’ai été trop naïve en quittant l’archipel. Tu parles d’une informatrice.Joséphine rirait bien de moi. Quelque part, ça me dégoute.
Mais bon, jusqu’à maintenant le travail n’en a été que plus facile. Une fois arrivée à Atlas, ça ne sera plus que des formalités.
Evangel- Grand héros
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An 386, sans dates
Les pensées s'éparpillent, le carnet d'Evangel est moins bien tenu sur les pages qui suivent. Peut-être manquait-elle de temps ou d'intimité pour écrire ? Elle n'a même pas pu dater, la pauvre petite.
Arrivés dans Atlas, enfin. Une cité dans les montagnes, elle me rappelle Mispura. Les lieux sont étrangement agencés, et il y règne une sorte de rigueur mêlée au désordre crée par les reconstructions de la ville. La brume qui se lève régulièrement donne un aspect étrange à tout ceci. Ainsi voilà donc la cité dans laquelle a vécu Viktor Emaüs. Je ne pensais pas mettre les pieds dans cet endroit de si tôt.
Kreutz a mauvais caractère. J’ai du mal à cerner les intentions de cet homme.
La mission de Karl Frank, du chaman et de Larian Kreutz semble tout aussi floue pour eux que pour mes anciens compagnons de route. Karl semble avoir agit dans son coin mais le soldat a voulu se rendre à la bibliothèque. Celle-ci est agréable et belle. J’aurais aimé y passer plus de temps. Il y avait cet enfant, Grischa. Il avait un air espiègle et de jolies tâches de rousseurs. Le haut-mestre, lui, faisait froid dans le dos. Comme tous les haut-mestres, je suppose. Un jour, Grischa prendra sa place. Il ne pourra être aussi intimidant, du moins je l’espère.
Une page du carnet à été violemment arrachée. On peut voir à travers les suivantes la trace de la plume qui s’est enfoncée rageusement dans le journal.
Témoignage au tribunal. J’ai dis ce que j’avais à dire. Karl Frank semble dans une situation délicate à cause de cela. Je ne sais que penser. J’ai toujours eu peur de ce type. Et si jamais il se rappelait de quoique ce soit à propos de Daario ou de moi… Est-ce une raison de le mettre dans l’embarras ainsi ? Je ne sais. Il devrait s’en sortir je pense.
Maintenant, c’est se sentir obligée de respecter ses dernières volontés. Je suppose que je lui dois au moins ça.
...
Maintenant, c’est se sentir obligée de respecter ses dernières volontés. Je suppose que je lui dois au moins ça.
Evangel- Grand héros
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An 386, 24e jour de la neuvième lune
La robe de bal d’Evangel était laissée là, sur une chaise. Elle avait remis sa chemise de lin et ses braies défaits. Les corsages et les jupons sont certes jolis, mais l’inconfort qui allait avec ne lui avait pas manqué. La nuit avait été plus longue que prévue. Désormais la brume avait enduit Atlas, quelques lampadaires brillaient encore faiblement dans les rues. Il faisait froid, il faisait peur.
Larian dormait d’un sommeil agité. Le vin de Lancel lui était bien monté à la tête. Rou l’avait aidé à le remonter dans la chambre et à retirer sa cape et déboutonner son habit pour qu’il puisse dormir. Un petit ronflement s’échappait maintenant de sa bouche. Evangel posa un instant les yeux sur lui. Jamais elle n’avait pensé dire cela un jour, mais la présence de cet homme la rassurait. Qu’avait-il vu, lui, au numéro 45? Elle était trop épuisée pour y réfléchir. La jeune femme restait là, assise devant le petit bureau de la chambre.
Elle tâchait maintenant de faire face à son journal. Le regard fixe, on aurait pu la croire comme sonnée par un coup de massue. Dans sa tête, l’impression d’une mer noire et agitée. Des vagues de pensées s’entrechoquaient, des fantômes la transperçaient. Ce qu’on appelait à Hilas la « conscience professionnelle » lui criait de saisir la proposition de Bal’Duth Azur et du numéro 45. Ce cri se fracassait sur un rocher, un agglomérat d’angoisses et de peurs ancrées en elle. Un sanglot gonflait en elle. Lotr, son visage d’adulte qu’elle n’avait jamais vu mais pourtant reconnu entre mille ; et le souvenir de Gabriel ; et les armées d’Helena marchant vers Atlas, cette atmosphère de guerre qui semblaient animer tout Gaïa à nouveau ; et Karl Frank, mort ; et le numéro 45 ; et cette elfe qui savait tout.
Mais qu’avait-elle donc vu, ce soir ? Que lui avait-on montré ? Probablement quelque chose que personne n’avait jamais vu. Quelque chose contre lequel les mestres d’Elispar auraient tout donné. Une magie qu’elle n’avait jamais rencontré. Mais qu’est-ce qu’il venait de se passer ? La tête d’Evangel se déchirait dans un torrent de pensées qu’elle ne maîtrisait pas, dont elle prenait à peine conscience d’ailleurs. Au milieu de tout cela, au milieu des cris et des rochers, il n’y avait qu’une seule chose pour la jeune femme.
Un baiser. Un baiser. Comme il était doux, se répétait-elle en boucle.
Le baiser de sa semblable, d’Abrahel, plus que tout, avait provoqué un goût étrange sur ses lèvres. Au milieu de la tempête qui s’annonçait, ce geste semblait comme suspendu, il avait comme arrêté le temps. Jamais Evangel n’avait réussi à embrasser quelqu’un sans que « sa nature » ne se manifeste. Tous ces hommes, blessés, morts sous les coups de son angoisse, sous les coups de la fatigue et de sa misère affective. Et il a suffit d’un baiser de cette femme pour…
Un seul baiser.
Elle ne s’en rendait pas compte encore mais quelque chose d’Abrahel avait fait germer en elle une idée qui ne lui était jamais venu à l’esprit. Elle aurait pu mettre des mots dessus, si elle l’avait voulu. Mais pas maintenant, non. Pas maintenant. Evangel restait là, assise sur sa chaise de bureau. Elle regardait tour à tour son journal, puis Larian, qui s’agitait dans son sommeil.
La brume s’était retirée avec le jour. Il faisait frais et doux. Atlas semblait dormir encore paisiblement, voguant comme sur une mer de nuages épais. Au-dessus de la cité le ciel était clair. Evangel dormait sur le sol de la chambre, une couette posée sur elle. C’était un sommeil profond, un sommeil sans rêves. Il n’était plus temps de rêver.
Larian dormait d’un sommeil agité. Le vin de Lancel lui était bien monté à la tête. Rou l’avait aidé à le remonter dans la chambre et à retirer sa cape et déboutonner son habit pour qu’il puisse dormir. Un petit ronflement s’échappait maintenant de sa bouche. Evangel posa un instant les yeux sur lui. Jamais elle n’avait pensé dire cela un jour, mais la présence de cet homme la rassurait. Qu’avait-il vu, lui, au numéro 45? Elle était trop épuisée pour y réfléchir. La jeune femme restait là, assise devant le petit bureau de la chambre.
Elle tâchait maintenant de faire face à son journal. Le regard fixe, on aurait pu la croire comme sonnée par un coup de massue. Dans sa tête, l’impression d’une mer noire et agitée. Des vagues de pensées s’entrechoquaient, des fantômes la transperçaient. Ce qu’on appelait à Hilas la « conscience professionnelle » lui criait de saisir la proposition de Bal’Duth Azur et du numéro 45. Ce cri se fracassait sur un rocher, un agglomérat d’angoisses et de peurs ancrées en elle. Un sanglot gonflait en elle. Lotr, son visage d’adulte qu’elle n’avait jamais vu mais pourtant reconnu entre mille ; et le souvenir de Gabriel ; et les armées d’Helena marchant vers Atlas, cette atmosphère de guerre qui semblaient animer tout Gaïa à nouveau ; et Karl Frank, mort ; et le numéro 45 ; et cette elfe qui savait tout.
Cette elfe qui savait tout.
Mais qu’avait-elle donc vu, ce soir ? Que lui avait-on montré ? Probablement quelque chose que personne n’avait jamais vu. Quelque chose contre lequel les mestres d’Elispar auraient tout donné. Une magie qu’elle n’avait jamais rencontré. Mais qu’est-ce qu’il venait de se passer ? La tête d’Evangel se déchirait dans un torrent de pensées qu’elle ne maîtrisait pas, dont elle prenait à peine conscience d’ailleurs. Au milieu de tout cela, au milieu des cris et des rochers, il n’y avait qu’une seule chose pour la jeune femme.
Un baiser. Un baiser. Comme il était doux, se répétait-elle en boucle.
Le baiser de sa semblable, d’Abrahel, plus que tout, avait provoqué un goût étrange sur ses lèvres. Au milieu de la tempête qui s’annonçait, ce geste semblait comme suspendu, il avait comme arrêté le temps. Jamais Evangel n’avait réussi à embrasser quelqu’un sans que « sa nature » ne se manifeste. Tous ces hommes, blessés, morts sous les coups de son angoisse, sous les coups de la fatigue et de sa misère affective. Et il a suffit d’un baiser de cette femme pour…
Un seul baiser.
Elle ne s’en rendait pas compte encore mais quelque chose d’Abrahel avait fait germer en elle une idée qui ne lui était jamais venu à l’esprit. Elle aurait pu mettre des mots dessus, si elle l’avait voulu. Mais pas maintenant, non. Pas maintenant. Evangel restait là, assise sur sa chaise de bureau. Elle regardait tour à tour son journal, puis Larian, qui s’agitait dans son sommeil.
…
La brume s’était retirée avec le jour. Il faisait frais et doux. Atlas semblait dormir encore paisiblement, voguant comme sur une mer de nuages épais. Au-dessus de la cité le ciel était clair. Evangel dormait sur le sol de la chambre, une couette posée sur elle. C’était un sommeil profond, un sommeil sans rêves. Il n’était plus temps de rêver.
Evangel- Grand héros
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