Le Havre Nébuleux

Le Havre Nébuleux.

Placé à l'extrême ouest des pics brumeux, ce havre fut bâtit sur différents plateaux moussus non loin des falaises bordant l'océan. En tant que principal point de passage des voyageurs descendant des pics vers Arkkar, cette petite bourgade accueille de nombreux itinérants et possède d'immenses zones d’accueil pour les caravanes marchandes.

Ce lieu très tranquille dénote beaucoup avec l'atmosphère mystique et souvent dangereuse des pics et si souvent des nuages s'accumulent ce n'est que pour éclater très vite en une pluie torrentielle qui ira se déverser le long de la pente, jusqu'au cours d'eau traversant le plateau.
La proximité de l'océan est en cause, l'Effet de Foehn étant à l'oeuvre pendant la majeure partie de l'année. Les habitants ne s'en plaignent pourtant pas, profitant des averses pour tenir des cultures et admirer les nombreux arc-en-ciel produit par le phénomène.

La tranquillité de l'endroit n'est pourtant pas acquise, bandits et animaux viennent parfois menacer le havre nébuleux mais ce serait sans compter sur la présence d'un vénérable dragon du nom de Fangor, protégeant le Havre depuis plusieurs années. La garde des lieux est elle aussi très souvent sur le qui vive, bien plus que dans les autres contrées des pics.
Il est aussi à noter que l'endroit possède un château légèrement fortifié qui peut servir à abriter la population en cas de besoin.


Anecdote intéressante, le cours d'eau traversant le plateau est en fait un des bras du fleuve formé au Fort d'Ambellion quelques kilomètres plus haut.

Fangör, le dragonnet a bien grandit.

— Ne bouge pas, nous n'allons pas te faire de mal.

La jeune fille avançait doucement, les mains tendues devant elle en direction d'une petite forme grisâtre qui semblait trembler et se mouvoir en tous sens. Elle était intriguée et avait un peu peur aussi mais elle savait que la créature devant elle l'était encore plus et c'est pourquoi elle cherchait à prendre l'ascendant et montrer à son jeune frère derrière elle comment elle traitait les animaux.

L'être devant elle s'était enfoncée dans la paille, cherchant sans doute là un moyen de se cacher à l'inconnue qui s'avançait. Un choix qui aurait pu être judicieux si ses écailles d'un gris terne ne juraient pas tant avec le teint clair de sa cachette. Le petit dragon était racrapoté sur lui-même et tentait de se faire le plus petit possible. De fines volutes de brume s'échappaient de son corps juvénile, indiquant qu'il était sans doute issu des lignées draconiques qu'on retrouvait souvent autrefois aux Pics Brumeux.

— Tu es sûre qu'il n'est pas dangereux ?

Le frère cadet s'inquiétait pour sa sœur car il la savait souvent trop téméraire, aussi fit-il un pas en avant, rassemblant là tout son courage, et se tint aux côtés de son ainée dans un futile geste protecteur. Cette dernière ne faisait pas vraiment attention à lui et continuait d'avancer ses mains vers la boule de fumée que formait maintenant la créature.
Sans faire plus de cérémonies elle s'en saisit, une main immobilisant son cou et l'autre tenant la queue, comme un enfant tiendrait un chat, puisque c'est ce qu'elle était. Mais loin d'être un chat, le dragonnet se débattait avec violence, ses ailes laissées libres fouettaient l'air de toute sa force, qui bien qu'insuffisante pour se décrocher à la poigne de sa geôlière, terrifiaient son jeune frère.

— Zahouri il va te manger !

Toujours sans répondre, la jeune fille rassembla ses mains et porta sa prise contre elle, l'immobilisant contre son poitrail. De là elle put dégager une main afin de caresser l'animal avec douceur, cherchant là un moyen de le calmer. L'effet fut presque immédiat, le dragonnet déjà épuisé par la petite chasse qui l'avait mené à la botte de foin sembla tomber d'épuisement et s'endormit dans les bras de la jeune fille.

— Nous l'appellerons Fangör, comme cette célèbre bataille dont tu parles tout le temps.

Zahouri murmurait maintenant, sans risquer de réveiller son protégé.
Son petit frère l'observait elle et la créature avec appréhension, craignant sans doute les représailles de ses parents quand ils apprendraient leur escapade et le sort de leur gibier. Après tout ces deux enfants n'avaient que six ans.

— C'est Fa-ra-dor la bataille des légendes, pas Fangör, répliqua-t-il d'une voix morne avant de tourner les talons vers le havre nébuleux.

Sentinelle veillant sur le Havre.

Contrairement aux autres lieux de la province, le havre nébuleux s'en sortait bien malgré l'importante mobilisation qu'avait subit la garde du village qui était d'abord venue alourdir le moral des citoyens, lequel avait déjà été mis à mal par un impôt augmenté en début d'année cent quatre-vingt-six avant que la communauté ne prenne des mesures pour y palier.

Fangor, dragon auquel s'était accoutumé presque tout les habitants, avait été d'une grande aide au cours des premiers jours, lorsque seul une demi-douzaine de soldats restait pour garantir la sécurité de tous. Sa lourde présence qui semblait enfin ne plus peser pour les plus petits humanoïdes qui avaient vu d'un mauvais œil la présence d'une telle créature, rassuraient maintenant tout les citoyens.

Après plusieurs long conciliabules au cours desquels moultes solutions étaient proposées, le bourgmestre finit par mettre en place d'importantes mesures et l'endroit, sans pour autant le savoir, était devenu le dernier véritable Havre des Pics Brumeux.
En effet, là où d'autres lieux subissaient les affres des défaites en Lorthar, la nébuleuse vie de cet endroit pouvait suivre son cours sans grande perturbation.

Tout cela était dû à une petite troupe de mercenariat que l'un des citoyens avait déniché sur les routes qui se présentaient sous le nom du « Tipiak's gang ». Outre le caractère un peu trop joyeux de ses membres qui dénotait souvent avec la discipline militaire des soldats encore présent au havre, l'aide de ces personnages étaient apprécié de tous.